Crédit à la consommation : quelle sortie de crise ?

En 2020, les ménages français ont battu tous les records en termes d’épargne. L’INSEE indique qu’ils y ont consacré en moyenne plus de 21% de leurs revenus bruts. À l’inverse, selon l’Association française des Sociétés Financières (ASF), le crédit à la consommation enregistrait une baisse de 11,7% par rapport à 2019 (en montants).

Évidemment, ce double constat s’explique par la crise sanitaire. Il y a d’abord eu l’effet des périodes de confinement. Aussi, le climat d’incertitude a rendu les ménages hésitants à engager des dépenses d’équipement.

Néanmoins, 2021 montre une réelle progression du crédit à la consommation en France. Cette reprise sera-t-elle durable ? Marque-t-elle un retour à la situation et à la dynamique d’avant-crise ? Ou y a-t-il des évolutions notables ?

Les tendances du crédit à la consommation en 2021

À fin août 2021, l’ASF rapporte que la production de crédit à la consommation est en hausse de 15,7% par rapport à la même période de l’année 2020. Cependant, une analyse détaillée révèle des disparités.

Les secteurs résiliants

Deux secteurs du crédit à la consommation avaient plus ou moins résisté à la crise sanitaire :

  • les crédits affectés à l’amélioration de l’habitat et aux biens d’équipement du foyer, dont la production n’avait que légèrement baissé en 2020

 

  • et surtout les crédits affectés aux « autres biens ou services » (deux-roues, véhicules de loisirs, bateaux de plaisance, voyages, etc.) qui avaient même accentué leur rythme de croissance annuel, à 6,9%.

Sur les 8 premiers mois de l’année, ces 2 secteurs sont ceux qui connaissent la plus forte croissance de production, respectivement 21,6% et 28,8%.
On ne peut donc pas parler ici d’un simple rattrapage. Il s’agit plutôt de tendances favorables, passagères ou durables, peut-être accentuées par la crise sanitaire.

Les secteurs en rattrapage

Les prêts personnels (+18,8%) et, dans une moindre mesure, les crédits renouvelables (+12,3%) semblent retrouver leur niveau de production d’avant la crise. Toutefois, les évolutions sur ces deux secteurs sont encore instables.

Le cas de l’automobile

Le financement de voitures particulières, neuves ou d’occasion, paraît quant à lui agité par de multiples facteurs.
Le financement de l’occasion, déjà plus dynamique que celui du neuf avant la crise, avait un peu moins régressé que son alter ego en 2020. Sur 2021, le constat actuel est encore en faveur de l’occasion : +17,4% contre +11,4% pour le neuf.
Sans doute les tensions sur la chaîne d’approvisionnement expliquent-elles en partie la difficulté du financement d’automobiles neuves à retrouver son niveau d’avant la crise.
Enfin, la LOA reste sur une meilleure dynamique que le crédit affecté. Sur le marché du neuf, il permet de compenser le repli du crédit affecté par rapport à 2019. Pour l’achat de voitures particulières d’occasion, la LOA représente désormais plus de 20% des financements.

Optimisme mesuré

En synthèse, le marché du crédit à la consommation a l’air en passe de retrouver son niveau de production global d’avant la crise.

De plus, les évolutions qu’il connaissait alors paraissent toujours actuelles.

 

On peut même penser que la crise les ait en quelque sorte accélérées.
Mais ce redressement est encore fragile car des incertitudes demeurent. En particulier, les difficultés de production dans l’industrie automobile freinent cette reprise.

Surtout, le crédit à la consommation souffre de l’excédent d’épargne. C’est un contexte qui soulève des questions encore sans réponses. Après des soubresauts, la consommation des ménages reprendra-t-elle en douceur ou à un rythme soutenu ? Les consommateurs puiseront-ils en grande partie dans leurs réserves ou profiteront-ils de taux de financement encore bas ?

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