Assurance-crédit fragilisée, entreprises abandonnées ?

Alors que le contexte de crise affecte durement l’activité économique et augmente significativement le risque d’impayés, les entreprises ont plus que jamais besoin de garanties. Or, la plupart des assureurs-crédit se soucient de leur propre santé financière et durcissent leurs conditions de couverture. Devant le danger de paralysie des rapports clients/fournisseurs, quelques dispositifs exceptionnels viennent compléter la liste des alternatives.

Quand l’ampleur de la crise dépasse les capacités des assureurs-crédit

En 2019, de nombreux analystes prévoyaient un fort ralentissement de l’économie pour 2020. Les acteurs de l’assurance-crédit s’y préparaient déjà, en ajustant leurs primes et leur portefeuille.

Avec l’arrivée surprise de la pandémie mondiale, la crise économique a largement dépassé les anticipations les plus pessimistes. L’économie n’a finalement pas subi un ralentissement mais un choc inédit. Des secteurs entiers ont été brusquement mis à l’arrêt. Certains ont redémarré rapidement, d’autres de manière lente et partielle. D’autres activités, enfin, restent paralysées.

En 2021, dans le monde entier, on s’attend à ce que le nombre de défaillances d’entreprises s’envole. C’est la conséquence de la forte secousse initiale, des mesures de restrictions appliquées un peu partout, de l’effondrement du tourisme international, etc.

En France, les mesures d’aide exceptionnelles ont permis à de très nombreuses entreprises de tenir, même avec une activité fortement réduite voire suspendue. Mais les dépôts de bilans devraient être constatés en 2021.

Les assureurs-crédit estiment donc que le risque du crédit inter-entreprises va continuer à augmenter. Craignant de ne pas pouvoir faire face à une hausse spectaculaire de la sinistralité, ils se protègent ou se retirent :

  • réduction voire annulation de garanties,
  • relèvement des prix,
  • renforcement de la sélection des assurés,
  • pression accrue sur le respect des règles et limites par les assurés (examen plus rigoureux du risque sur leurs clients, clause d’arrêt des livraisons, etc.)

Effet domino

Cette dégradation de l’assurance-crédit ne fait qu’augmenter les difficultés pour les entreprises qui tentent de maintenir leur activité dans ce contexte de crise.

En effet, même là où la demande reste à un bon niveau, les créances clients sont plus difficiles à recouvrer. Le durcissement des conditions de couverture du risque d’impayés ajoute une difficulté de plus aux relations commerciales inter-entreprises. C’est donc dans ce contexte rempli d’incertitudes que les fournisseurs se sentent abandonnés par les assureurs-crédit.

De proche en proche, des chaînes d’approvisionnement entières sont ralenties, voire paralysées. Ainsi, tous les secteurs et toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, sont potentiellement concernés.

Quelles solutions face à la dégradation de l’assurance-crédit ?

Heureusement, des solutions existent pour atténuer les effets de ces tensions sur le marché de l’assurance-crédit.

Les entreprises peuvent d’abord faire jouer la concurrence. Certes, la sélectivité est forte, et les capacités des assureurs sont faibles. Mais une partie de ces capacités sont mobilisées pour le développement commercial et l’acquisition de nouveaux assurés.

Comme alternative, les fournisseurs peuvent aussi choisir de se tourner vers l’affacturage. Les factors s’adaptent à la conjoncture. En leur cédant des créances client, les entreprises obtiennent du cash en moins de 48 heures.

Enfin, l’État a conclu un accord avec les acteurs de l’assurance-crédit pour mettre en place des produits d’assurance-crédit avec réassurance publique : CAP, CAP+, Cap Francexport, Cap Francexport+ et CAP Relais. L’ensemble de ces dispositifs exceptionnels doit permettre de soutenir le crédit inter-entreprises et de faciliter la reprise d’activité économique.

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